Un certificat PEB est valable 10 ans. Son renouvellement obligatoire expose à des surprises car les règles de calcul ont changé. Un PEB E obtenu en 2014 peut devenir un PEB F ou G en 2024 !
Pour rappel, un certificat PEB est valable pendant 10 ans. Donc si votre certificat date de 2013 ou d’avant, il n’est plus valable en 2024 !
Vous saviez déjà que les résultats étaient différents selon les trois régions en Belgique : le même appartement obtient des scores relativement différents selon la région. Chaque région a ses experts, crée ses modèles, crée ses logiciels/règles, aux frais des contribuables. Ceci, on ne pourra pas le changer car c’est le modèle politique régional accepté par les citoyens en Belgique.
Par contre, ce qui est plus déstabilisant est qu’en 10 ans, les règles et modèles de calculs ont fortement changé.
Si vous avez obtenu un certificat ‘D’ il y a 10 ans et que vous renouvelez le certificat, sans avoir fait de travaux, votre certificat deviendra dans de nombreux cas, un ‘E’ ou un ‘F’.
La raison est que les modèles ont été affinés, que différentes choses sont modélisées autrement : la ventilation (selon un système appelé C ou D) vous permet d’améliorer fortement votre score alors qu’il y a 10 ans, ce critère n’avait pas ou peu d’influence sur le PEB. Les déperditions par les caves sont beaucoup plus pénalisantes. Les châssis aluminium sont en standard plus pénalisés.
Prenons un exemple précis d’un appartement à Bruxelles :
2012 : score obtenu : E+ 218 kWh/m²/an
2023 : score obtenu sans réaliser de travaux : à la limite entre F et G avec 345 kWh/m²/an
Il est à noter que la consommation réelle est inférieure à 200 kWh/m²/an sur 10 ans pour cet appartement avant travaux. Le certificat de 2012 donne donc des résultats plus proches de la réalité que le calcul de 2023 qui est plus pénalisant !
Pour ce même appartement, le propriétaire a cependant réalisé différents travaux en 10 ans :
Changement d’un double vitrage ancien en double vitrage nouveau, qui permet de gagner 4,5 kwh/m2 an
Isolation du plafond du garage qui permet de gagner 30 kWh/m²/an
Installation de panneaux photovoltaïques qui permet de gagner 87 kWh/m²/an.
Grâce à ces travaux, le propriétaire espérait passer de 218 kWh/m²/an à moins de 100 kwh/m2 an. Il n’en est rien, il reste à un certificat E avec un score de 225 kWh/m²/an, ceci, à cause des changements des règles de calcul.
Par contre, dans l’exemple ci-dessus conforté par plusieurs études récentes (cf article paru dans le CRI de mars 2024), la consommation théorique du PEB de 2023 est largement exagérée. Le modèle de 2012 était beaucoup plus proche de la consommation réelle.
Côté positif des choses : aujourd’hui, les certificats PEB sont documentés/explicités. Il est donc possible de chiffrer le gain obtenu si on effectue certains travaux, ce qui n’était pas le cas en 2012/2013.
Cet exemple sur Bruxelles touche également la Wallonie mais nous n’avons pas encore assez de retours précis sur l’importance des changements.
Que faut-il en conclure ?
Utiliser le certificat PEB comme instrument contraignant nécessite qu’il soit rigoureux et correct. Or il est différent par région, il est souvent différent par certificateur mais en plus il n’est pas constant dans le temps.
Pour les propriétaires, c’est une source de grosses surprises lors des renouvellements de certificats après 10 ans : votre bien consomme tout à coup 50% en plus d’après le certificat si rien n’a changé. Donc un appartement qui n’est pas une passoire énergétique avec le certificat actuel pourrait, d’après renouvellement du certificat le devenir et donc devenir ce que certains appellent ‘une passoire énergétique’.
Pour le locataire ou pour l’acheteur, c’est également inquiétant : il doit tenir compte de l’année où le certificat a été réalisé pour comparer deux logements entre eux.
Pour le banquier préteur, cela rend aussi le certificat moins fiable comme outil dans ses propres décisions.